lundi 29 septembre 2008

Lucienne Jean : café citoyen ou la vie cachée des comités de quartier

Nous étions 18 au Caméléon samedi après-midi ; 18 semble notre chiffre 'café-citoyen' : c'était aussi le nombre de participants du café citoyen de février 2007 sur le logement !Merci à Eric Montès, Robert Monier et Thomas Roche pour l'ensemble des informations qu'ils nous ont apportées Merci aux participants : majoritairement proches du CACGL certes ! Mais nous apprécions la démarche des deux personnes venues à la réunion avec leurs convictions 'de droite' ; c'est ça aussi l'ouverture.Nous avons décidé de faire du compte-rendu de ce café-citoyen le thème de notre tribune politique d'octobre ; mais voici quelques impressions en primeur et sans contrainte de place !
Après un tour de table où chacun se présente rapidement, la parole est à Eric Montes, adjoint à Creil et responsable du PRG pour la Picardie ;
Avec un retour sur l’histoire : des groupes d’action municipale de Michel Rocard dans les années 60, aux premières mises en place à Grenoble en 68 avec les ateliers public d’urbanisme à la loi Vaillant de 2000 sur la démocratie locale. Creil a mis en place ses comités de quartier depuis 1995.
Puis il a brossé un bilan de l’expérience creilloise : la nouvelle mandature a d’ailleurs réfléchi sur ce bilan avec une décision qui pourrait nous faire réfléchir aussi : Creil avait 5 quartiers et va en avoir bientôt 9 ou 10 ! La taille du quartier doit permettre aux habitants d’appréhender vraiment « son » quartier.
Robert Monier est lui chargé de mission auprès du maire de Montataire. Montataire a commencé à travailler sur la démocratie participative à partir de 2000 à l’occasion d’un énorme projet de restructuration de tout un quartier ; les habitants ont été associés à toutes les étapes depuis la décision de démolir de vieux HLM à la préparation de la fête d’inauguration. Il y a eu aussi un travail de mémoire mené avec de vrais moyens et avec les habitants bien sûr ! Nous n’en avons pas parlé mais j’ai lu le livre édité par la ville « Les Biclounes » avant la destruction…
Sur les gros projets Creil va aussi réunir toute la ville : enfin il faut relativiser : il y a –et c’est dommage- assez peu de participants par rapport au nombre d’habitants !

Thomas Roche, étudiant à Lille nous a parlé de l’expérience de cette ville énorme par rapport à Lamorlaye (plus de 220000 habitants) ; du fait de sa taille, Lille a des mairies de quartiers et les comités ont été calqués sur les territoires des mairies. Toujours à cause de sa taille Lille était obligée de créer des comités : à Lamorlaye, Creil ou Montataire c’est un choix municipal.

L’ensemble de la discussion a mis en avant à la fois la grande richesse de cette démarche de démocratie participative et les points qui peuvent poser problème ; nous avons terminé par un tour de table qui s’est révélé être déjà un mini comité de quartier !
Voici un compte-rendu rapide : il a servi de base à notre prochaine tribune politique.

Il y a deux démarches possibles pour définir les comités de quartier : l’une basée sur un découpage géographique (ce qui est fait à Creil, Lille et bientôt chez nous) ; l’autre centrée sur les projets (comme à Montataire) ; dans le premier cas il parait essentiel de créer en plus des comités transversaux : très vite ce devrait être le cas à Lamorlaye pour l’étude urbaine qui va commencer ou pour l’avenir du château.
A noter
-1- que l’étude urbaine votée il y a peu doit reprendre le travail sur le PADD : reprendre les orientations définies par la mandature précédente est logique ; par contre il ne faudrait pas refaire l’excellent travail d’étude de l’existant déjà fait, validé et… payé !
-2- que le maire envisage de louer une partie du château à la chambre de commerce : il ne faudrait pas que cette décision bloque les choix municipaux pour le château.(travail qui nous paraissait
Les difficultés rencontrées dans la vie des comités de quartier : des pièges à éviter !

- difficile de faire participer les jeunes et ceux qui travaillent en dehors des environs immédiats de la ville.
- difficile d’avoir des participants représentant bien les différents types de population d’un quartier, l’objectif étant une sorte de parité sur le sexe, l’âge, l’origine socioprofessionnelle, …
Ici, la taille des quartiers, la pertinence du découpage de la ville, les horaires proposés pour les réunions sont déterminants ; choisir un horaire et/ou un jour c’est choisir un type de participants ! Il faudrait que ces horaires soient très larges ou très variés !

Les « plus » constatés : ou pourquoi il faut développer cette idée de démocratie participative !
- les demandes des habitants d’abord très individualisées tiennent progressivement plus compte de l’ensemble (rue, quartier, ville) dans lequel ils s’insèrent. Par exemple les mamans ne veulent pas des rollers ! Les personnes âgées ne veulent pas de bruit ! Les rollers veulent passer partout (mais en général les jeunes concernés ne sont pas aux réunions)…
- les habitants s’approprient mieux les réalisations faites à leur initiative : plus de satisfaction, utilisation plus respectueuse. C’est sensible dans les quartiers dits difficiles. Et rejoint une autre démarche signalée par Robert Monier : les chartes d’escalier –signées solennellement par tous les locataires et le directeur de l’OPAC- ont permis une remise en état des parties communes des HLM avec une prise en charge par tous du maintien en bon état et même avec des plantes vertes !
- la vision très différente que les élus, les gens de métier et les habitants ont des problèmes fait des comités un nœud de contradictions : en les dépassant tout le monde progresse ! Et il y a plus de convivialité entre les habitants
Mais il y a de vrais défis à relever pour la municipalité !
- répondre à l’attente : trouver assez vite des solutions aux problèmes soulevés ; celles imaginées au départ ou d’autres élaborées ensemble.
- accepter de travailler sur des projets non totalement « ficelés » : et prendre le risque que la solution retenue ne soit pas celle initialement préférée par la majorité
- réserver dans le budget « une part non affectée » mise à disposition des quartiers pour la réalisation de leurs demandes

Pour finir voici quelques uns des problèmes évoqués dans le tour de table :
- vitesse excessive sur la route de la Seigneurie, comme dans le Lys
- circulation en centre ville pour les piétons, poussettes, …
- cars scolaires souvent à moitié pleins
- odeurs de fumier (stocké trop longtemps) et inondation dans la partie sud-est de Plein Soleil
- dégradation de la forêt du Lys
- entretien de parties privatives non utilisées par le propriétaire rue du Puits Bray – entretien général de cette rue qui est encore une voie privée même si elle est –très- ouverte à la circulation !
Conclusion provisoire :
Nous avons appris en deux heures beaucoup de choses sur le fonctionnement réel, le ressenti des élus, leurs difficultés mais aussi leurs fiertés : « la vie cachée des comités de quartier » en somme !
Nous avons eu un moment d’échange, ouvert et public qui même si on peut regretter le petit nombre de participants a été un moment sympathique et riche.
Et en même temps nous avons apprécié les tartes préparées par le patron du Caméléon !

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