dimanche 18 mars 2007

une noce sous contrôle

Samedi 17 mars : l'exposition que l'Alma organisait avec l'aide de la bibliothèque Condé vient de se terminer. Je sors du château avec une amie. Nous sommes encore dans ces plans et cartes du 16ème au 18ème siècle que nous avons fait découvrir cet après-midi à une bonne quarantaine de visiteurs "invités" par la bibliothèque et l'Alma ! A l'entrée juste devant la grille, des mariés se font photographier. La mariée a une belle robe blanche de mariée à l'occidentale alors que la plupart des femmes de la noce par leurs longues robes amples, leurs bijoux, leurs coiffures, évoquent le moyen-orient.
Voilà qui est un peu surréaliste évidement et qui nous ramène aux débats sur immigration - intégration, voire, pour certains, "identité nationale"...
"Le château s'islamise" s'amuse mon amie ; moi je trouve intéressant le mélange de traditions si opposées et je vois dans le désir d'immortaliser le jour de son mariage aux abords du château de Chantilly un signe d'intégration : celle qui consiste à apprécier la culture du pays dans lequel on vit (et sans doute les moins âgés y sont-ils nés) ; et mieux encore à l'adopter - au sens strict- puisque ce morceau d'histoire de France fera partie de leur album de famille !

Mais voilà qu’arrivent deux policiers municipaux avec des chiens ! D’autres arrivent encore ; ils empêchent la noce de partir d’où un bel embouteillage ! Je m'étonne : comment ont-ils appris que ces gens étaient là ? Quelqu’un a sans doute téléphoné…

Bien sûr je suis incapable de dire s’il manquait à cette noce une autorisation ; je me souviens simplement : il y a 37 ans et sans grande robe blanche, nous avons fait nos photos de mariage au parc Montsouris ; nous n’avions demandé aucune autorisation ! Et nous n’avions attiré ni la police ni ses chiens…

Ici, et c’est bien triste, ce face à face police – noce est choquant : comme un contrôle au faciès…

Paradoxal peut-être : je préfèrerais apprendre demain que de gros trafiquants, camouflés dans un mariage, ont été interceptés par la police municipale de Chantilly.

Malheureusement je n’y crois pas ! Mais je crois bien, que ce que j’ai vu dans la lumière romantique de cette fin d’après-midi, ne sera dans aucun journal : c’est devenu la routine de la France sous la tutelle de M. Sarkozy « notre » ministre de l’intérieur…

Alors j’espère vraiment qu’il ne deviendra pas « notre » président de la République !

Heureusement, jeudi dernier, chez Arlette Chabot, Ségolène Royal a bien répondu sur « l’identité nationale » : elle refuse qu’on utilise des termes comme « immigrés de 1ère, 2ème ou 3ème génération » pour désigner des gens qui sont français tout simplement ! Elle a dit d’ailleurs ce soir là que le vote sur son nom ne sera pas instrumentalisé : un message qui voulait rassurer les électeurs qui ne souhaiteraient pas être embrigadés malgré eux sous une étiquette « socialiste » ; je l’ai compris aussi comme un message (à peine subliminal) adressé aussi au PS : la victoire de Ségolène Royal, si elle advient, ne sera pas celle du PS !

Pour moi elle serait (sera ?) au moins -et c'est beaucoup - l’assurance qu’une certaine façon de voir (ou de refuser de voir) les autres aura fait long feu !

Lucienne Jean

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