Je rebondis - avec son accord- sur le message d'Hervé Moula publié ce matin sur ce blog.
La discussion sur le port de la burka peut sembler loin de nos préoccupations quotidiennes ; elle pose pourtant des questions essentielles pour notre société. Où placer la limite entre le privé et le public ? Comment distinguer les prescriptions religieuses de la tradition portée par telle ou telle religion ? L'addiction aux marques qui touche parait-il jusqu'à nos bambins est-elle du même ordre que le port d'un vêtement particulier ? Et la pratique du percing ou du tatouage extensif ?
On pourrait croire que la façon dont chacun de nous décide de s'habiller n'est pas si important ! Mais si le corps a son langage que s'exprime souvent malgré nous et révèle nos sentiments et nos intentions, le vêtement avec ses codes est un langage social : vouloir attirer l'attention ou vouloir se cacher n'est-ce pas un peu la même chose ?
Mais le dire ainsi c'est banaliser la question de la burka. Le problème c'est que la burka est imposée aux femmes dans des pays comme l'Arabie Saoudite ou l'Afghanistan ! La porter dans ces pays n'est pas, comme le percing, un signe de rebellion face à une société uniformisante ; ce n'est pas, comme le vêtement à la mode, un signe d'adhésion à une société consumériste ; c'est une contrainte absolue ! Associée à bien d'autres contraintes sur la santé, les droits les plus évidents sur la libre disposition de soi, de son corps, de son temps, de ses ressources,...
Dans l'article qu'Hervé Moula commente dans son message, Elisabeth Badinter le dit bien : porter la burka en France c'est dire aux femmes françaises que leur mode de vie n'est pas le bon et c'est soutenir la situation des femmes qui ne peuvent pas ne pas la porter !
Dans un Convergences de juin-juillet 2001 nous avions écrit un article qui comparait la loi (récente en 2001) sur la parité et le port du tchadri ; le tchadri, c'est cette grille qui permet aux porteuses de burka de voir ! Notre article, que nous vous donnons à relire était titré : "Ma sœur, ma fille, ma mère, que vois tu donc de par le monde ? ici, la parité, là-bas, le tchadri !"
La condition des femmes, aujourd'hui et ici, est le résultat de luttes de nos mères et de nos grands-mères sur un siècle ! La laïcité, aujourd'hui et ici, est le résultats de 3 siècles de débats et de luttes. Ne les considérons pas ni comme définitivement acquises, ni comme une option parmi d'autres ! Notre société a besoin de toujours plus d'égalité entre les citoyens : hommes ou femmes ; handicapés ou non ; riches ou pauvres ; ... Et de toujours plus de laïcité garante de notre liberté de penser et d'une saine distinction entre le domaine public , pris en charge par l'état - ou qui devrait l'être-, et le domaine privé pris en charge par les individus qui en font le choix : enfin c'est ce qui devrait être -et n'est plus- quand il s'agit par exemple du choix d'une école privée et tout particulièrement d'une école religieuse... Alors, bikini ou burka ? Domaine privé ou domaine public ?
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