Reçu hier un message de Réseau Education Sans Frontières qui m'a donné envie de réagir ; RESF s'est créé avec des enseignants qui refusaient "la chaise vide" dans leur classe , la chaise du gamin ramené avec ses parents dans "son" pays ou terré quelque part en France pour échapper aux raffles. Nous pensions à l'époque qu'arrêter un grand-père attendant ses petits-enfants à la sortie d'une école ou des gens venus manger au Restau du Coeur (c'était peut-être une autre association) étaient les manifestations d'une politique ; et qu'avec un autre gouvernement, un autre président, ces choses là disparaitraient... et je crois qu'elles ont effectivement disparu. Mais la politique qui les sous-tendaient... est encore à l'oeuvre
Depuis la victoire de la gauche aux présidentielles, j'ai reçu beaucoup de messages de RESF; mais j'écris moins pour protester.
Cette fois, peut-être parce que les "fêtes" donnent mauvaise conscience , peut-être parce que ce qui est rapporté est vraiment trop laid, peut-être parce que c'est simplement la goutte de trop... j'ai écrit comme RESF le demande à chaque fois.
Voici la liste des destinataires conseillés par RESF sous une forme qu'on peut copier facilement (j'ai plusieurs fois demandé à RESF de nous faire une liste directement utilisable mais sans succès) :
envoyé à : pierre-rene.lemas@elysee.fr; sylvie.hubac@elysee.fr; alain.zabulon@elysee.fr; pierre.besnard@elysee.fr; aquilino.morelle@elysee.fr; premier-ministre@cab.pm.gouv.fr; jean.daubigny@interieur.gouv.fr; yves.colmou@interieur.gouv.fr; renaud.vedel@interieur.gouv.fr; thomas.andrieu@interieur.gouv.fr; raphael.sodini@interieur.gouv.fr; sec.chefcab@interieur.gouv.frVoici mon message et ensuite celui de RESF
Mesdames, Messieurs,
Je m'associe à la protestation de Réseau Education Sans Frontières et je suis vraiment désolée de le faire face à un gouvernement de gauche que j'ai -modestement- contribué à mettre en place... Je suis désolée de constater qu'il y a des choses qui ne changent vraiment pas : hier, maintenant, demain... Pourquoi maintenir une politique que nous avons déjà subie pendant 10 ans sous Nicolas Sarkozy ? Est ce que ces quelques centaines de "cas" -ce sont d'abord des êtres humains- sont vraiment un danger pour la France ?
Merci de laisser leur chance à des gens qui n'en ont pas eu beaucoup : la France s'honorerait à accueillir ceux qui viennent chez nous chercher travail et sécurité !
Peut-on passer de bonnes fêtes en sachant qu'on est, à des titre divers, responsable de ces expulsions ?
Moi non.
Et vous?
Avec mes salutations respectueuses
Lucienne JEAN
conseillère municipale de Gauche à Lamorlaye
Date: Sun, 30 Dec 2012 23:29:48 +0100
From: resf.info@resf.info
To: resf.info@rezo.net; resf-adminsite@rezo.net
Subject: [Resf.info] (sans objet)
Ci-dessous le communiqué Resf faisant le point sur l’actualité inhumaine de ce 30 décembre. Ahmed Sohail a réussi à ne pas monter dans l'avion. Puis, en guise de rappel, l’invitation à exiger le retour de Blendon Gashi. Toutes ces affaires sont liées. Ce qui était odieux sous Sarkozy le reste aujourd’hui. Ce ne sera pas plus accepté.
JOUR DE GLOIRE A L’ELYSEE ?
Retoqués le samedi par le Conseil Constitutionnel, incapable de marquer des points contre les riches et les puissants, le président Hollande et son gouvernement prennent leur revanche le dimanche 30 décembre en se montrant intraitables avec ceux qui possèdent le moins, et surtout le moins de moyens de se défendre, à commencer par les sans papiers.
Premier succès d’envergure : l’expulsion de deux des travailleurs sans papiers en grève de la faim depuis 59 jours à Lille. Ils ont été placés de force dans un avion à destination d’Alger. Félicitations au président, à ses ministres et à leurs conseillers !
Deuxième exploit de la journée : la tentative échouée d’expulsion du père Capverdien d’un enfant des Bouches-du-Rhône. Il a refusé de monter dans l’avion et a été ramené au CRA avec l’avertissement explicite de la PAF : « La prochaine fois tu y as droit… »
Troisième haut fait : avoir conduit à l’avion Ahmed Sohail, 23 ans, Pakistanais arrivé tout seul en France à l’âge de 15 ans, pris en charge par l’ASE jusqu’à 21 ans. Il avait trouvé un employeur mais la préfecture du 93 ayant traîné pour lui donner un titre l’autorisant à travailler, son patron s’est lassé et ne l’a pas embauché. Il s’est retrouvé sans papiers, condamné à travailler au noir. Suite à un contrôle, il a été placé en rétention au CRA de Vincennes. Il y est depuis 40 jours. Il a été présenté à l’avion cet après-midi. Une vingtaine de militants du RESF étaient dans le hall de l’aéroport pour informer les passagers du fait qu’ils risquaient de voyager dans un fourgon cellulaire volant avec un garçon de 23 ans menotté, ligoté et bâillonné dans la cabine. Ahmed a finalement réussi à ne pas monter à bord. Il a été ramené au CRA de Vincennes mais il risque fort d’être à nouveau présenté à l’avion dans les prochains jours, avec des risques de violences cette fois. C’est dire s’il est important de continuer à faire savoir aux responsables, et d’abord à l’Elysée, son indignation et sa honte devant de tels faits et devant le comportement du ministre Valls.
Le vol d’Ahmed pour Karachi était prévu pour aujourd’hui, 30 décembre. Alerté l’avant-veille, le cabinet de M. Valls demandait des éléments sur « les perspectives d’insertion de ce garçon » comme si avoir passé le tiers de sa vie en France, être parfaitement francophone, avoir été pris en charge par l’ASE jusqu’à 21 ans, avoir obtenu son CAP de plombier, travailler (au noir, évidemment) aussi bien comme plombier que comme électricien ou peintre sur des chantiers, être hébergé chez des amis, n’étaient pas des preuves d’insertion ! « Nous avons décidé de ne pas intervenir et de laisser les choses aller à leur terme »assurait hypocritement le cabinet du ministre Manuel Ponce-Pilate, le 30 décembre au matin, répétant en boucle le discours décidément attaché à la fonction de conseiller à l’immigration du ministre de l’Intérieur. « Il y a des lois, il y a une circulaire, Ahmed Sohail n’entre pas dans les critères de la circulaire, il a vocation à être expulsé ». Raisonnement imparable tenu par des générations entières de conseillers des ministres de l’Intérieur Sarkozy, Hortefeux, Besson, Guéant et Valls aujourd’hui. La fonction crée le discours !
Mais raisonnement dangereux quand même. « J’applique la loi, j’exécute les ordres… » Excuses trop souvent entendues à des comportements inacceptables, voire criminels pour certains.
De plus, les lois, les décrets, les circulaires, les procédures qu’applique le ministère de l’Intérieur avec une rigueur « républicaine » qui confine à l’intégrisme sont ceux-là mêmes que le parti socialiste, ses militants, ses élus et aujourd’hui ses ministres ont dénoncés et combattus à nos côtés des années durant ! On voudrait convaincre l’opinion que les politiques tournent leur veste dès lors qu’ils accèdent au pouvoir qu’on ne s’y prendrait pas autrement !
Enfin, si les lois et les circulaires conduisent à des gestes inhumains (et l’expulsion des grévistes de la faim, comme la tentative d’expulsion d’Ahmed en sont !), il faut changer les lois et les critères des circulaires ! Présidence de la République, majorité à l’assemblée, au sénat, dans la quasi-totalité des régions, etc… Que faut-il de plus ? Un peu de courage politique, peut-être ? Celui qui, à l’évidence, fait défaut au président et gouvernement. Mais aussi celui dont ne témoignent pas assez les militants et les élus socialistes qui sont en désaccord avec la politique conduite par Valls et bénie par Hollande, qui nous le disent, mais qui ne veulent pas le dire publiquement, ou pas trop fort, ou pas encore.
Le résultat est là, sous les yeux de tout le monde. Le gouvernement perd le soutien de ceux qui acceptent, voire revendiquent le métissage de la population et récusent l’idée réactionnaire selon laquelle l’immigration ne peut être évoquée que comme un problème sans pour autant gagner le moindre soutien de ceux toujours prêts à entendre les histoires de pain au chocolat de la droite décomplexée. Faut-il vraiment, en s’acharnant à expulser de la sorte, brader ses convictions pour faire des concessions à la fraction de l’électorat qui, en matière de flirt avec la xénophobie, préfèrera toujours l’original à la copie médiocre ?
A l'Elysée :
Secrétaire général : pierre-rene.lemas@elysee.fr
Directrice de cabinet : sylvie.hubac@elysee.fr
Directeur de cabinet adjoint : alain.zabulon@elysee.fr
Chef de cabinet : pierre.besnard@elysee.fr
Conseiller politique : aquilino.morelle@elysee.fr
Matignon : premier-ministre@cab.pm.gouv.fr
A l'Intérieur :
Conseilleryves.colmou@interieur.gouv.fr
Dircab adjoint renaud.vedel@interieur.gouv.fr
Dircab adjoint thomas.andrieu@interieur.gouv.fr
Conseiller immigration : raphael.sodini@interieur.gouv.fr
Chef de cabinet sec.chefcab@interieur.gouv.fr
NOUS EXIGEONS LE RETOUR DE BLENDON GASHI
Le 18 janvier 2012 au matin, Blendon GASHI, 10 ans, hémiplégique, était expulsé avec ses parents et son frère jumeau Blendi vers le Kosovo.
Ses parents étaient venus en France en avril 2011 pour fuir le racket dont ils étaient l’objet : leur demande d’asile a été rejetée par la France en procédure prioritaire. Or, depuis leur retour forcé au Kosovo, ils sont logés à 15 dans la petite maison de la grand-mère maternelle alors que la grande maison dont ils sont propriétaires dans un autre quartier reste vide, tant ils redoutent les violences dont ils sont menacés.
En France, les enfants scolarisés avaient rapidement appris le français. La santé de Blendon avait été prise en charge. Une intervention chirurgicale destinée à remédier aux conséquences d’un accident vasculaire survenu plusieurs années auparavant avait été programmée pour le mois de mars au CHU de Reims.
Mais le préfet de la Marne avait un quota d’expulsion à atteindre.
Le 18 janvier 2012, les Gashi sont arrêtés à 7 heures du matin. Mis au centre de rétention de Metz, ils sont montés le lendemain dans un avion privé du ministère à destination de Pristina.
C’est ainsi que les choses se passaient sous Sarkozy et Guéant.
Mais, interpellé sur ces faits inacceptables, le gouvernement Ayrault refuse de revenir sur la décision de son prédécesseur et l’entérine : la demande de visa de la mère de Blendi et Blendon pour ses fils et elle-même vient d’être rejetée par les services consulaires sur instruction du cabinet du ministre de l’Intérieur.
Ces faits déshonorent ceux qui les ordonnent, ne peuvent que bouleverser ceux qui les exécutent et font honte à ceux qui les laissent se commettre. Il faut réagir !
Nous exigeons le retour immédiat et sans délai de Blendon et de sa famille en France pour qu’il bénéficie des soins que son état impose.
Pour voir la liste des premiers signataires et signer : http://www.educationsansfrontieres.org/article45489.html?id_rubrique=
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